Mots-clés : Yosciweb, image des scientifiques dans Internet

Mauvaise nouvelle : quand on parle de l’image de la science et des scientifiques chez les jeunes, les stéréotypes, déjà bien ancrés dans leurs esprits, persistent et signent.

Autant en Europe qu’au Québec, les jeunes se détournent aujourd’hui des sciences. Terminée la génération des boutonneux à lunettes qui ne juraient que par les sciences et les techniques! Les jeunes occidentaux ne croient plus au progrès scientifique, jugent la science trop difficile et les carrières scientifiques aliénantes.

Pour enrayer ce phénomène générationnel, le Conseil de l’Europe mène tambour battant des projets d’étude à long terme. Car l’enjeu est de taille : alors que les jeunes Européens engorgent les filières professionnelles en sciences humaines ou en arts et lettres, les pays émergents inondent le marché international d’ingénieurs, de chercheurs, de brevets, d’innovations scientifiques et techniques, etc.

Yosciweb, « Young people and image of science on websites », entre dans le 7e Programme-cadre de recherche et de développement technologique (Science dans la société) de l’Union européenne, et répond, en 2007, à son appel à proposition intitulé L’image de la science. Le projet a été élaboré et mis en œuvre à l’initiative du Conseil général de l’Essonne, département français fortement impliqué dans la recherche scientifique. L’objectif : analyser comment les sites de vulgarisation scientifique forgent l’image de la science auprès des jeunes Européens et trouver comment Internet peut rendre la science plus attrayante.

Pour ce faire, un consortium de sept organismes issus de France, d’Estonie, de Bulgarie, d’Espagne, du Royaume-Uni, d’Islande et des Pays-Bas a été créé. Composé de quatre opérateurs de sites – dont la Banque des savoirs initiée par la France – et de trois partenaires spécialisés dans la relation entre les sciences et les jeunes, ce consortium s’est, dans un premier temps, attelé à cartographier le paysage des sites de vulgarisation scientifique des 7 pays concernés. Puis, dans un deuxième temps, chaque partenaire national a analysé un échantillon de 10 sites particulièrement pertinents en raison, notamment, de leur intérêt ludique, académique et interactif. Enfin, dans un troisième temps, des groupes de discussion en milieu scolaire – en l’absence d’enseignants – ont été menés avec des adolescents âgés de 12 à 18 ans et issus de milieux sociaux variés. Au cours de ces rencontres, trois sites de vulgarisation scientifique ont été soumis à leurs critiques. Au total, 81 groupes témoins impliquant 464 Européens ont été constitués. Les résultats de l’étude Yosciweb, menée en 2008 et en 2009, ont été rendus publics le 10 mars 2010 au Conseil général de l’Essonne dans la région Ile de France.

Malgré les limites inhérentes au sujet et au contexte – analyse quantitative et qualitative, étude européenne et nationale, différenciation d’appréciation des termes « science », « site de vulgarisation scientifique », etc. –, l’étude Yosciweb montre que l’Internet ne contribue pas à modifier les perceptions stéréotypées dominantes de la science et des scientifiques auprès des jeunes. L’image du scientifique, un homme d’âge mûr en blouse blanche ou une jeune femme travaillant sur le terrain, persiste en Europe malgré la diversité de la réalité professionnelle. Et ces stéréotypes restent fortement préjudiciables aux filles et aux élèves de classes sociales défavorisées.

Alors que faire? Comment les sites devraient-ils aborder la science pour la rendre plus réaliste et plus attrayante?
Voici les recommandations de Yosciweb :

 

 

 Tout d’abord, accorder dans les sites plus de place aux femmes et aux hommes qui pratiquent la science, les montrer dans leur environnement quotidien, indiquer leur parcours académique et professionnel, évoquer leurs motivations, leurs passe-temps. En un mot, incarner la science;

 Ajouter une bonne dose d’humour et de créativité : des textes ludiques, concis et stimulants associés à des images clairement légendées et pertinentes sont majoritairement appréciés;

 Oser l’attrait visuel! Couleurs chatoyantes, animations, mises en page claire et vivante concordent à rendre un site plus captivant;

 Bichonner l’ergonomie pour aider l’utilisateur à naviguer et à se repérer! Codes de couleurs, menu clair et structuré, onglets bien identifiés, tout est bon pour s’y retrouver;

 Enfin, et surtout, mettre l’accent sur l’interactivité! Plus le site est interactif, social et communicant, plus il plaît : grâce aux forums de discussion et aux possibilités de poser des questions, d’envoyer un article à un ami ou de le publier sur des réseaux sociaux, les jeunes s’approprient davantage les contenus scientifiques.

 

Si ces recommandations ressemblent à une bonne vieille recette de cuisine, Yves Jeanneret, expert sur ce projet et chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Toulouse, ne manque pas de préciser que « l’Europe ne sera pas plus performante en s’appuyant sur la liste de ce qui marche », car la créativité en serait par définition absente! Paradoxe de la démarche de Yosciweb, on recommande, mais attention aux recommandations...

Odile Clerc, collaboration spéciale

 

Numéro 43 | Automne 2010

Sommaire

De la tour d’ivoire au plancher
des vaches

L’image des sciences auprès
des jeunes en Europe…
peut faire mieux!

Manuels scolaires :
quand les valeurs déteignent

Première partie

Promenade suggérée

Yosciweb

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