Deuxième partie | 18 octobre 2010

Suite de notre Pluie de science automnal spécial « médiation des sciences ». Premier arrêt : la France, où il sera question de projets de recherche scientifique bien ancrés dans leur communauté. Puis, zoom arrière sur l’Europe en général où nous verrons comment la perception des sciences et des scientifiques dans les sites web et les manuels scolaires subit l’influence culturelle de leurs concepteurs. Bonne lecture et bonne rentrée!

De la tour d’ivoire au plancher
des vaches

L’image des sciences auprès
des jeunes en Europe…
peut faire mieux!

Manuels scolaires :
quand les valeurs déteignent

Première partie

Mots-clés : science et citoyen, recherche participative

Faire une recherche scientifique sérieuse sur un sujet aussi simple que… le pain! En France, depuis 2005, les Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation (PICRI) donnent l’occasion aux organismes sans but lucratif de s’associer à des laboratoires de recherche pour approfondir une préoccupation peu explorée par les scientifiques.

Une idée canadienne

« L’idée est de faire émerger les préoccupations de la base et de les faire remonter vers le monde scientifique », explique Franck Alary, responsable des PICRI pour la région Île-de-France. En quatre ans, 56 partenariats ont vu le jour. Les Alliances de recherche universités-communautés, en place au Canada depuis 1999, ont inspiré l’instigateur français des PICRI, Marc Lipinski.

Les thématiques des partenariats sont aussi diverses que l’accès aux soins des personnes sans habitat, les effets des hormones sur la grossesse, l’évaluation clinique des fauteuils roulants ou l’utilisation des papillons comme indicateurs pour évaluer la santé d’un écosystème. Chaque étude peut durer de quelques mois à trois ans et peut obtenir un financement allant jusqu’à 50 000 euros par année.

Par exemple, en 2009, l’Association Semences Paysannes et le Laboratoire de biologie moléculaire et de bioinformatique de l’Université Paris-Sud ont terminé un PICRI d’une durée de trois ans. L’organisme avait constaté un manque criant de variétés de blé adaptées à l’agriculture biologique. Pour combler cette lacune, les chercheurs sont retournés fouiller dans la banque de graines de Clermont-Ferrand. Ils y ont déniché d’anciennes semences de blé qu’ils ont fait pousser. Satisfaits de leur récolte, les scientifiques l’ont ensuite transformé en pain.

Des dégustations ont été organisées auprès de consommateurs pour évaluer la qualité des graines sélectionnées. « Un protocole d’analyse sensorielle, comme il en existe pour le vin, a été mis en place », explique la généticienne Isabelle Goldringer, qui se trouve à la tête du projet.

Cependant, la spécialiste de la diversité génétique des variétés de blé trouve difficile le manque de reconnaissance envers la recherche participative de la part des scientifiques. « L’idée qu’on puisse faire un travail de qualité hors des laboratoires et en marge des partenariats classiques est peu répandue », se désole-t-elle.

Une « co-production de savoirs »

Isabelle Collet, docteure en sciences de l’éducation, a, elle aussi, tenté l’expérience de la recherche participative en étant impliquée à la fois dans l’Association Femmes et Mathématiques et dans le Centre de recherches éducation et formation de l’université Paris X. Les deux structures ont aussi collaboré pendant trois ans au sein d’un PICRI.

La recherche commune a permis de mieux comprendre les modalités d’interactions entre filles et garçons en classe afin d’aider les élèves et les enseignants à mettre en place une véritable coéducation des sexes à l’école. « On avait déjà l’habitude de travailler ensemble, confie la chercheuse. L’Association Femmes et Mathématiques nous a permis d’avoir accès aux classes et le PICRI nous a donné du temps commun et des moyens financiers qui n’existaient pas ailleurs. »

Séquoia fait rimer sciences et enfance

Les PICRI ne sont pas les seules structures à rapprocher les scientifiques et les citoyens. En novembre 2009, un ambitieux pôle de sciences a ouvert ses portes dans un quartier défavorisé de la ville de Nantes. Baptisée « Séquoia », en référence à un arbre qui trône dans le quartier, la structure offre des animations scientifiques pour les enfants et la famille.

De concert avec des laboratoires et des associations scientifiques, les cinq employés du centre organisent différents événements dans l’année : des ateliers, des semaines thématiques et des fêtes autour de la science. Plusieurs animations s’adressent aux enfants pendant les périodes de vacances. Elles se passent généralement dans l’une des deux salles d’expérimentation entièrement ajustables et modulables ou dans la salle d’exposition du pôle. Dans certains cas, les activités ont lieu à l’extérieur comme ce fut le cas lors de la construction d’un grand bassin qui sert d’incubateur à la biodiversité. D’autres fois, les ateliers se passent directement dans les classes et sur le temps scolaire.

« Les élus étaient préoccupés par le taux de réussite scolaire dans le quartier Dervallières : il était autour de 30 %, explique Patrice Perocheau, le responsable du pôle. Séquoia proposait une façon de faire innovante avec une démarche d’expérimentation ».

Les jeunes du quartier touchent, essaient, apprennent en bougeant, puis transmettent leurs apprentissages aux plus petits. De plus, les échanges ne se limitent pas aux scientifiques et aux enfants, ils incluent aussi les parents qui, à leur tour, commencent à animer des ateliers.

« Une de nos obligations est de tendre la main aux plus démunis, pense, de son côté, Pierre Lena, de l’Académie des sciences. Nous n’allons pas nous enfermer dans la richesse de notre savoir. La force de notre savoir, c’est que plus on le partage, plus il grandit… »

Erika Leclerc-Marceau, collaboration spéciale

 

Numéro 43 | Automne 2010

Sommaire

De la tour d’ivoire au plancher
des vaches

L’image des sciences auprès
des jeunes en Europe…
peut faire mieux!

Manuels scolaires :
quand les valeurs déteignent

Première partie

 

Promenades suggérées

Partenariat institutions-citoyens
pour la recherche et l’innovation (Picri)

Séquoia, pôle sciences et
environnement de Nantes

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