Station de métro Saint-Laurent. Photo : Allen’s Vision, Wikimédia

Mots-clés : métro, sonorisation, STM, Semaine du Son

« Le train… cratch… minutes… retard… merci pour… cratch. » Quel usager du métro n’a jamais demandé à son voisin : « Pardon, qu’est-ce qu’ils disent? » en entendant les messages diffusés par les haut-parleurs du métro de Montréal. Une situation qui devrait changer avec l’installation du nouveau système de sonorisation.

On y travaille de nuit pour ne pas gêner le service dans la journée, mais ça y est : les 68 stations (64 à Montréal, 1 à Longueuil et 3 à Laval) subiront une rénovation acoustique majeure. Vieux d’une quarantaine d’années, le système de sonorisation du métro fait l’objet d’une vaste opération de modernisation qui devrait permettre, d’ici à 2013, d’entendre clairement tous les messages diffusés à travers le réseau.

Du guichet aux couloirs de métro, depuis les quais jusqu’aux loges des changeurs, les centaines de milliers de passagers qui empruntent chaque jour les transports en commun font déjà l’expérience d’une meilleure acoustique, notamment dans les stations les plus achalandées, comme à McGill ou à Berri-UQAM. Le système de sonorisation repose sur une infrastructure de fibre optique pour le transport de l’audio numérique et des commandes contrairement aux câbles de cuivre utilisés auparavant. Il est commandé par logiciel permettant de choisir une station, une zone dans une station ou un ensemble de zones et de stations sur le réseau du métro.

 

Station Berri-UQAM. Ambiance sonore enregistrée par Afek Launer. Durée : 30 s. Source : Soundmap. Photo : Abdallahh, Wikimédia

La réverbération est le défi majeur de la sonorisation dans le métro. Les autres défis sont l’intégration des systèmes (lien avec les téléphones, les radios, etc.), les soucis d’architecture dans des stations existantes depuis 40 ans, la volonté d’utiliser les mêmes types de haut-parleurs dans toutes les stations, et ce, pour rendre l’entretien plus facile par la STM tout en gardant une bonne compréhension des messages (intelligibilité). Si les haut-parleurs sont mal placés, alors les messages qu’ils diffusent se perdront en échos et ne seront qu’en partie entendus. Difficile, dans ce cas, de déterminer si le train redémarrera dans les 5, les 10 ou les 30 minutes qui suivent. Pour pallier le problème, une analyse détaillée de tous les espaces de la station est réalisée, puis un modèle 3D est fabriqué. Toutes les zones susceptibles d’être couvertes doivent être identifiées. Puis, on installe les haut-parleurs aux emplacements les plus stratégiques. C’est ainsi que la station Rosemont est passée de 10 à 75 haut-parleurs et que Berri-UQAM a hérité de 400 haut-parleurs. « Lorsque nous aurons finalisé la rénovation du système de son, le métro de Montréal comptera plus de 6 000 haut-parleurs. Notre objectif est de pouvoir nous faire entendre de l’ensemble des voyageurs, quel que soit l’endroit du métro où ils se trouvent », explique Joris Brun-Berthet, spécialiste en acoustique au programme Réno-Système chargé, notamment, de la rénovation du système de sonorisation de la STM.

Autre nouveauté : les capteurs de bruit ambiant. Ces appareils, situés en des lieux où le bruit change régulièrement comme sur les quais, permettent d’ajuster le niveau sonore des messages en fonction du bruit environnant. Ainsi, lorsqu’un train arrive, par exemple, le niveau sonore d’un message ne peut dépasser les 90 dBA, niveau qui s’avérerait nocif pour nos oreilles. « Avec ce nouveau système haute définition, nous couvrons 95 % de la surface totale des aires publiques du métro de Montréal, affirme monsieur Brun-Berthet. Dorénavant, la STM se fera mieux entendre en plus d’endroits, et plus clairement que jamais! »

Emmanuelle Béguineau, SPST

Un spécialiste en sonorisation présente un atelier sur le son dans le métro dans le cadre de la Semaine du Son